« Annie-Paule THOREL » de Guy Lavigerie – Festival 2019
Projection Mercredi 11 septembre à 21h15
A la SACD 11 bis, rue Ballu, 75009 Paris
311 « Annie-Paule THOREL » de Guy Lavigerie (21’, 2007, France)
En présence d’Anne-Paule Thorel et Guy Lavigerie
Catégorie Best of 2026
La bande d’annonce et les mots de Guy Lavigerie pour les 7éme et 10éme éditions
Bienvenue au Festival International du Film Documentaire AprèsVaran Sur la Route de Jean Rouch! Je vous propose, si vous voulez bien, pour aborder nos 7è et 10è éditions, de faire un pas de côté vers ce qu’on appelle les arts vivants. Voyons ce que nous pouvons en tirer : Dans son spectacle « Mère » (2021) qui relève du documentaire au théâtre, le metteur en scène Wajdi Mouawad nous présente un formidable exercice de narration censé reposer sur la mémoire personnelle qui – comme chacun sait – a « toujours » raison mais ne fait en réalité qu’inventer du récit. Il nous révèle comment une reproduction d’un tableau de Cézanne dans un petit meublé parisien où il a vécu en exil avec sa mère et ses frère et soeur tandis que son père vivait sous les bombes, lui a servi de cadre pour échapper au destin tragique de l’enfermement familial dans la guerre du Liban. Avant d’être expulsé de France et accueilli comme réfugié au Canada. L’appartement du 15è arrondissement donnait sur le métro aérien tandis que le Cézanne accroché au mur (l’unique tableau de cet appartement) ouvrait l’imaginaire vital de l’enfant libanais qui n’avait pas même l’idée que la peinture soit un art et qu’elle a une fonction. Pour nous aussi le film documentaire est un art et il a pour fonction de donner un cadre à des récits qui nous font échapper aux matraquages par lesquels nous sommes tous et toutes uniformément parlés comme dirait l’écrivain Lydie Salvayre. Uniformément parlés mais terriblement désunis de nous-mêmes et des autres. Je forme le voeu que ce 7è festival AprèsVaran, contraint à la programmation en ligne en cette 5è vague de Covid, construise entre nous le récit qui nous manque!
Guy LAVIGERIE réalisateur, metteur en scène

Toujours le spectateur voudra qu’on lui dise ce qu’il va voir. Cela vaut pour ce film sur la peintre Annie-Paule Thorel en situation de création, dont je me contentais jusqu’alors de poser dans le synopsis le cadre social externe, tant il me semblait que par contraste on percevrait le temps long de la patience du geste et le soin de toute une équipe porté à l’oeuvre en cours. Or loin de croire que le spectateur accèdera d’emblée à une manière de faire, je dois expliciter à quoi il peut s’attendre à l’approche des images.
A la fin du siècle dernier, Annie-Paule et moi nous sommes formés ensemble à l’art-thérapie, qui est une façon toute particulière de porter attention à l’humain. On y est tenu d’opérer un certain « vide » si on veut laisser la place à l’expression centrale de l’autre en vis-à-vis. Inutile de préciser combien dans notre société du plein égotisme cette démarche est une étrangeté, y compris dans le domaine de la création artistique.
Pourquoi le réalisateur s’efface-t-il au point qu’on ne sache pas ce qu’il veut vouloir dire ? s’inquiètera celui qui a peur du silence. Réponse : le réalisateur s’efface parce qu’il a besoin que l’artiste et son équipe l’oublient afin de mieux capter leur présence au travail.
Avant de filmer, j’ai rencontré plusieurs fois Annie-Paule dans son atelier en Bourgogne. J’ai autant aimé l’émotion concrète immédiate que produit sa peinture souvent chaude comme la pierre qui apaise, que le lien qu’on la voit entretenir avec elle comme avec la matière en ses mouvements secrets. J’ai reconnu ses œuvres et les ai accueillies comme autant d’espaces de respiration ; grâce aux textures et aux couleurs mêlées comme par un marouflage peaufiné à main nue.
Par mon silence je pointe l’acuité du regard et le soin de la peintre pour sa toile, où support, matière et représentation ne font qu’un. Il appartient à chacun de s’autoriser d’en faire l’approche sensible. Et pour cela de s’ouvrir au dialogue intime avec lui-même dans le temps réel du regard qu’il ose porter à l’autre. En fait j’ai filmé un processus de réalisation d’une œuvre en portant particulièrement attention à ce qui retenait celle de l’artiste.
Tous mes remerciements à Mina Rad qui héberge ce film.
Guy Lavigerie

Synopsis
En banlieue dijonnaise, une installation plastique dans un environnement culturel apparemment appauvri, en réponse à une commande institutionnelle: où l’on voit l’artiste-peintre Annie-Paule Thorel et son équipe en pleine réalisation d’une oeuvre exigeante accessible à tous.

Bio
Formé à la réalisation en 2003 aux Ateliers Varan, Guy Lavigerie est principalement metteur en scène et comédien.
Il accomplit un travail territorial de création pour permettre au public d’être partie prenante d’œuvres scéniques et textuelles exigeantes. Avec J’Irai marcher sur les Toits, une structure artistique qui vise à créer de la valeur sociale en milieu rural deux-sévrien (Poitou), il conduit de nombreux projets artistiques citoyens.
Les « petits mots » du comité sur le film
Une beauté esthétique, une approche originale.
Débat animé par Mina Rad
Pour aller plus loin avec Guy Lavigerie et Regards Eclairés

