Cette semaine sur Tënk«
Tu dis, où est passé ton alphabet d’avant les images (…) Tu dis, invente un mot pour tout ce qui est unique » nous murmure la voix hypnotique du réalisateur italien Claudio Pazienza dans
Scènes de chasse au sanglier. Ce film étonnant, au titre pictural, se situe entre le poème, le film de famille et l’essai formel pur. Le cinéma de Pazienza, dont nous vous proposons 3 films dans notre plage
Fragments d’une œuvre, est habité à la fois par sa propre présence, devant et derrière la caméra, mais aussi par celle de ses parents et de ses proches. Ici, la mort du père survient et plonge le réalisateur dans une méditation sur l’image et le souvenir qu’elle contient, retient ou délaisse. C’est ainsi qu’un parallèle se crée entre les images de chasse et la chasse aux images.
Exercices de disparition : notre coup de cœur ! Nous pourrions dire qu’avec ce film, Pazienza « récidive » : au décès de sa mère, pour lui la nécessité est alors celle de nommer, de décrire ce qui est là, devant lui, comme une manière de retenir ce qui s’efface. Est-ce que le deuil a une date de péremption… comme les yaourts ? Dialoguant avec son professeur de philosophie, l’auteur entreprend plusieurs voyages, statiques et géographiques.
Si les mots comptent pour Pazienza, il en est de même pour le célèbre Nanni Moretti. Réalisateur et acteur, héritier de Rossellini, il est un chef de file du cinéma actuel italien. Surtout connu pour ses œuvres de fiction, il réalise aussi quelques documentaires dont La Cosa. En 1989, le secrétaire du Parti communiste italien propose de changer de nom et de refonder le mouvement sur de nouvelles bases. Les voix des militants de toute l’Italie, du Piémont jusqu’en Sicile, se font alors entendre lors du débat que l’idée suscite. C’est que la fin d’un mot, c’est la fin d’un monde.
Dans notre plage Écoute, nous concluons cette semaine le cycle consacré à John Smith. Les courts métrages Blight, Worst Case Scénario et Lost Sound sont donc rejoints aujourd’hui par The Black Tower et surtout l’incontournable et le plus célèbre des films de Smith : The Girl Chewing Gum. 12 minutes captivantes à voir absolument !
C’est avec plaisir que nous avons appris cette semaine la nomination aux César du film d’Alice Diop dans la section Court métrage : Vers la tendresse. Heureux hasard : le film est sur Tënk !!
Enfin, ne manquez pas les formidables films de Ben Russell : Let Each One Go Where He May, He Who Eats Children et River Rites ! Vous avez encore une semaine pour voir également le décalé Bienvenue à Bataville, le désamianté La Part du feu et le photographique Noche Herida.
Bons films !