Les mots de Guy Lavigerie pour les 7éme et 10éme éditions


Bienvenue au Festival International du Film Documentaire AprèsVaran Sur la Route de Jean Rouch! Je vous propose, si vous voulez bien, pour aborder nos 7è et 10è éditions, de faire un pas de côté vers ce qu’on appelle les arts vivants. Voyons ce que nous pouvons en tirer : Dans son spectacle « Mère » (2021) qui relève du documentaire au théâtre, le metteur en scène Wajdi Mouawad nous présente un formidable exercice de narration censé reposer sur la mémoire personnelle qui – comme chacun sait – a « toujours » raison mais ne fait en réalité qu’inventer du récit. Il nous révèle comment une reproduction d’un tableau de Cézanne dans un petit meublé parisien où il a vécu en exil avec sa mère et ses frère et soeur tandis que son père vivait sous les bombes, lui a servi de cadre pour échapper au destin tragique de l’enfermement familial dans la guerre du Liban. Avant d’être expulsé de France et accueilli comme réfugié au Canada. L’appartement du 15è arrondissement donnait sur le métro aérien tandis que le Cézanne accroché au mur (l’unique tableau de cet appartement) ouvrait l’imaginaire vital de l’enfant libanais qui n’avait pas même l’idée que la peinture soit un art et qu’elle a une fonction. Pour nous aussi le film documentaire est un art et il a pour fonction de donner un cadre à des récits qui nous font échapper aux matraquages par lesquels nous sommes tous et toutes uniformément parlés comme dirait l’écrivain Lydie Salvayre. Uniformément parlés mais terriblement désunis de nous-mêmes et des autres. Je forme le voeu que ce 7è festival AprèsVaran, contraint à la programmation en ligne en cette 5è vague de Covid, construise entre nous le récit qui nous manque!

Guy LAVIGERIE réalisateur, metteur en scène

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