303 Fréquence Julie, de Mia Ma



« fréquence Julie » de Mia Ma,77′, 2021

Synopsis

SYNOPSIS

Un jour, Julie a entendu des voix qui la menaçaient. Des médecins lui

ont fait des électrochocs, des marabouts ont tenté de l’exorciser, elle

a avalé plein de médicaments, bu tout un tas de potions, passé des

jours à l’hôpital et de longues heures enfermée chez elle à tenter

d’oublier le passé et d’imaginer l’avenir.

Administrativement parlant, elle est depuis sa première hospitalisation

une handicapée à 80%. A mes yeux, elle est une amie précieuse, une

âme sensible, une résistante qui a décidé qu’elle ne ferait pas « une

carrière de victime ». Depuis cinq ans, je la filme. Ensemble, nous

plongeons dans son passé et nous y découvrons l’histoire d’une hé-

roïne.Fréquence Julie n’est pas commencé depuis une minute qu’on sait

que la rencontre sera marquante. Cette femme – perche à la

main et écouteurs aux oreilles – qui nous fait visiter les bruits

de son appartement, prêter l’oreille aux voix qui l’accompagnent

depuis ses 23 ans, on ne la connaît pas encore. Mais on a envie

de la suivre, de découvrir qui elle est.

Ce sentiment, on le doit à la présence singulière de Julie, mais

tout autant à la réalisatrice, Mia Ma, et à la force de leur amitié

qui transparaît instantanément à la caméra. Accueilli dans cette

intimité, on ne peut alors que se mettre à l’écoute, à la recherche

de cette fréquence particulière où Julie évolue et où elle nous

invite. Les images s’échelonnent sur 5 ans. On y découvre une

Julie épuisée à la fois engourdie par les antipsychotiques et as-

siégée par ses voix. Nous cheminons avec elle alors qu’elle re-

prend pied dans l’existence, et nous confrontons avec elle à son

histoire.

Fréquence Julie est un film sur une renaissance, une singulière

quête de normalité au-delà de la schizophrénie et en dépit des

violences du passé. C’est aussi un film sur l’amour, celui entre

deux amies réunies de part et d’autre d’une caméra, celui des

proches, au-delà de la souffrance, et celui de Julie, amour retrou-

vé pour le futur, et pour la vie.

SÉLECTIONS EN FESTIVALS 
  • SÉLECTIONS EN FESTIVALS 
  • Première française aux Ecrans Documentaires d’Arcueil, Arcueil, 2021
  • Première internationale au Sheffield Doc Fest,  Sheffield, 2022
  • Festival Psy de Lorquin – Lorquin, 2022
  • DokuBaku Film Festival – Bakou, Azerbaïdjan, 2022
  • Festival “Belle, la différence” – Bressuire,  2022
  • Mois du Doc – France, 2022
  • Rencontres Images Mentales – Bruxelles, 2023
  • FIFEQ – Montréal & Québec – Canada, 2023
  • Faito Doc Festival – Naples, Italie, 2023
  • Dona i Cinema – Valencia, Espagne, 2023
  • Filma Feminist Film Festival – Kiev, Ukraine, 2023
  • Festival Psymages – Bruxelles, 2023
  • Festival ImagéSanté – Liège, 2023
  • Porto Femme International Film Festival – Porto, Portugal, 2023
  • Festival international du journalisme – Couthure sur Garonne, 2023
  • Russian Mental Health Film Festival – Moscou, Kaliningrad, Kazan, Russie, 2024
  • Festival Résistances – Foix, 2025
DISTINCTIONS

Mot de la réalisatrice

Ce film est né d’une inquiétude qui me rongeait pour une amie qui

allait mal. Je me suis laissée porter par mon désir de réalisatrice de

la filmer comme je la voyais moi : c’est-à-dire comme une star. Ami-

tié, inquiétude et désir de sublimation ont travaillé ensemble. A l’in-

térieur de cette triangulation, il y avait une nécessité qui émanait

de Julie, et que l’intimité entre elle et moi m’a permis de déchiffrer

: celle de raconter son histoire. Cette nécessité débordait en fait sur

moi depuis longtemps. Mon seul pouvoir était celui de l’amitié et

celui de savoir me servir d’une caméra. Je m’en suis emparée, en

restant sur un fil tendu entre ma place d’amie et celle de réalisatrice

tout au long du processus filmique.

Tout au long de la création, j’ai senti comme une responsabilité de

protéger la dignité de mon amie, de la montrer -même lorsqu’elle

était la plus vulnérable- comme je la vois, une force de la nature et

l’héroïne de son histoire. La question de la réception du film par

Julie a toujours été primordiale. En même temps, j’avais la convic-

tion qu’en me posant des questions de cinéma et uniquement de

cinéma (et donc d’éthique), le film ne pourrait jamais fragiliser Julie,

mais qu’au contraire il pourrait lui donner de la force. A posteriori,

je pense avoir eu raison de ne pas chercher à dissocier mes ques-

tions de réalisatrice et mes états d’âme d’amie, car le film trouve sa

justesse au point exact de leurs jonctions.

On me pose parfois cette question : « pensez-vous que le film a joué

un rôle thérapeutique pour Julie? » C’est une question à laquelle je

ne sais pas vraiment répondre. Mais je la trouve intéressante parce

qu’elle me fait réfléchir à ce qui fait la singularité de ce film, qui n’est

pas un film d’art-thérapie mais un documentaire de cinéma qui

s’adresse à tous, schizophrène ou non, enfant d’immigré ou non, et

surtout un film qui confère à l’amitié une dimension politique.

bio

A la fin des années 1990, Mia Ma regarde

sur son poste de télé le film de Jean-Pierre

Thorn Faire kiffer les anges, portée par son

appétence pour la danse hip hop. Elle dé-

couvre avec enthousiasme un genre de

documentaire qu’elle n’avait jamais vu,

qui transforme l’intime en politique, et le

réel en cinéma.

Ce n’est que dix ans plus tard, après avoir servi du poulet au

KFC, porté des costumes d’hôtesse d’accueil et de mascottes,

obtenu une maitrise de philo, écrit dans des magazines, fil-

mé-monté des vidéos classées X, des reportages, des films

institutionnels et des tutos DIY, qu’elle décide de s’initier à la

réalisation aux Ateliers Varan, convaincue que le cinéma do-

cumentaire est une voie privilégiée pour interroger le monde

dans lequel nous vivons.

Elle réalise Riz cantonais en 2015, un moyen-métrage qui ra-

conte la complexité du métissage d’un point de vue intime. En

2021, elle réalise Fréquence Julie, qui travaille les questions de

la folie et du courage sous l’angle de l’amitié.

Aujourd’hui, Mia Ma travaille parallèlement comme techni-

cienne dans l’univers du doublage.

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