« Traverssia (la traversée) » de Camila Dutervil


Camilia Dutervil - Photo réalisateur

Projection le dimanche 27 avril à 14h30

Camila Dutervil, née à Brasilia , est anthropologue, réalisatrice et a commencé à étudier la réalisation à l’ EICTV de Cuba. Elle devient enseignante de vidéo à la Fondation Pierre Verger à Bahia et obtient une bourse pour étudier le montage aux Ateliers Varan à Paris. En France, elle participe également au Master “Cinéma et Audiovisuel Réalisation et Création” a l’Université Paris VIII où elle réalise “La Traversée”.

Camila Dutervil est anthropologue, réalisatrice, monteuse, photographe et scénariste. Née à Brasilia, Brésil,  Camila a commencé à étudier réalisation à l’ EICTV   Escuela Internacional de Cine y TV– Cuba, et  puis elle a suivi son parcours dans l’Amérique Latine en train de  expérimenter le cinéma et la photographie comme méthodologie de recherche dans l’anthropologie visuelle partagée. Camila bientôt a devenue enseignante de vidéo à la Fondation Pierre Verger à Salvador de Bahia et là-bas elle a obtenu une bourse pour étudier  montage aux Ateliers Varan  à Paris.

En rentrant au Brésil, Camila a fini le montage de son première documentaire ‘’Maria do Paraguaçu’’ projeté dans plusieurs festivals internationales et a reçu le Grand Prix Document + AL, Festival Latino Americano de Cinema en Bruxelles,  » 2010  et Júri Populaire à la XI Taguatinga Mostra de Cinéma 2009.

Entre 2010 et 2012; la réalisatrice à fait le Master Cinéma et Audiovisuel Réalisation et Création, a la Université Paris VIII et a réalisée La Traversée comme son projet de fin de cours.  Aujourd’hui Camila Dutervil fait un doctorat en Cinéma à l’Università degli Studi  di Roma Tre  et  s’occupe du montage de vidéo danses, clips et d’un long-métrage documentaire sur la vie de la poétesse brésilienne Cora Coralina.

Camilia Dutervil - Photo film

Dans la communauté du Remanso, Getulio fils d’un grand guérisseur reçoit en héritage la mission spirituelle de son père. Sa journée d’initiation estinterprétée par sa communauté comme le symptôme d’une perturbation psychique. Getulio stigmatisé comme fou est par la suite interné. Le récit dufilm montre l’expérience de Getulio, qui même après quatre internementstraumatiques résiste pour suivre la mission spirituelle de son père.

Camila Dutervil nous parle de son film La Traversée

Q -quelle était la genèse de ce projet ?

La genèse du projet La Traversée a été la recherche pour autre documentaire Guérisseurs du Jare , sur les guérisseurs de la région de la Chapada Diamantina et parmi eux on a trouvé  le personnage Getulio.

Le  documentaire   »La traversée » a été réalisé dans la  petite communauté du Remanso[1],  Etat de Bahia ; Brésil. Ce film a pour objectif de dessiner les frontières subtiles qui transitent entre la folie et la spiritualité. Le personnage a été diagnostiqué comme bipolaire, mais lui même comprend  que sa souffrance  a un rapport avec une forme de possession spirituelle, quand il entend la voix de son père.

Dans cette perspective, on attendait que le documentaire puisse provoquer chez le spectateur, une réflexion sur la signification de la folie et sa guérison par la diversité des pratiques ancestrales de communautés traditionnelles. Avant d’être un guérisseur, un individu doit subir certaines épreuves spirituelles, comme notamment  affronter une crise  et expérimenter des troubles mentaux sévères. La folie est considérée comme une pathologie par notre société ; alors que parmi les communautés autochtones c’est plutôt un phénomène normal. Beaucoup de cultures traditionnelles comprennent l’être dans des termes différents – comme indissociable du groupe des ancêtres et ouvertement affecté par d’autres êtres spirituels.  La possession d`un individu par un esprit peut produire la guérison parce qu’elle est témoigne de la capacité du transiter à aller dans le monde des esprits pour identifier la cause des maux humains. En effet, dans de nombreuses parties du monde, la possession spirituelle reste assez fréquente dans le cas de symptômes schizophréniques.

La folie apparaît alors comme un signe montrant que tel individu a été choisi par les maîtres surnaturels pour accomplir une mission spirituelle. La continuité de la mission de guérisseur est le seul acte qui peut sauver de la folie.

Q – Le rapport filmeur filmé  dans ce film ?

Quand on fait un film de personnage, un film biographique le rapport filmeur- filmé devient le centre de la démarche. C’était un peu difficile pour moi avec le personnage  parce que dans la première fois qu’on a tourné avec lui, il avait une crise ; je ne voulais pas rester toute seule avec lui ; et donc il avait demandé si j’avais peur de lui . Après sa sœur m’avait demandé d’arrêter le tournage, parce qu’elle pensait qu’il était nerveux et serait mieux attendre qu’il finisse la construction de la maison de culte et donc j’ai arrêtée tout de suite. Je trouve qu’on a toujours ce  genre de problème éthique quand on fait un documentaire.

Dans le moment du tournage,  je me suis confronté avec la difficulté de la rencontre avec l’altérité, des limites, est-ce que je doive raconter mon parcours, mes motivations au personnage ? C’était difficile demander au personnage à expérimenter encore une fois la douleur. Pour quoi est qu’on doive tourner encore une fois?   Pour faire le cinéma on a besoin de courage. Il faut vaincre sa peur.  Je crois que la donné de base d’une mise en scène du reel, c’est comment arriver a la bonne distance en respectant la volonté des personnes filmées.  Au même temps pour faire le cinéma on a besoin de courage. Il faut vaincre sa peur. C’est ça que motive : les risques d ‘un rencontre que nous bouleverse e nous fait confronter  nos angoisses sécrètes, notre ombre, exprimer tout ce que on croit et que ne peut pas se taire, pour exprimer notre douleur pour qu’elle devienne plus légère. Faire le cinéma est plonger dans un fleuve d’eau foncé, plonger dans une aventure thérapeutique. Large nuit à traverser, je ne veux pas fermer mes yeux, le cauchemar arrive par le fenêtre et m’amène à une dimension méconnue.  Comme disait le maître du Nouveau Cinéma Latino Américano , Fernando Birri : Faire du cinéma est rêver avec des yeux ouverts.

Q-Il y a beaucoup de symbolique et poésie dans ton film. Comment as tu structuré la narration de ton film?

Le réel est beaucoup plus fascinant que la fiction. Dans le processus de tournage le dispositif devient la construction du petit bateau, le petit bateau devient personnage. Pour l’écriture de montage, on a écrit un scénario avec les off des interviews et avant la dernière période de tournage et on a décidé de mettre en scène de l’insert de fiction pour les images de souvenir et rêve.  Le support de ces images est diffèrent pour donner une autre texture aux rêves,  on a tourné avec super-8  et ensuite on a travaillé le couler dans l’étalonnage. Encore dans la postproduction c’est bien évident que la bande sonore, le sound design et  le mixage ont beaucoup contribué pour l’atmosphère qu’on voulait pour le film.

Quand on a eu tout le rush, j’ai fait toutes les transcriptions  et ensuite j’ai montré la première version du montage a mon professeur de scénario Orlando Senna qui connaissait le projet depuis sa naissance. Comme on a du arrêter le tournage, on a pas touné tout ce qu’était prévu dans le scénario, mais je crois  qu’Il faut surtout  respecter des personnes filmées et en plus c’est un principe qu’on apprend aux Ateliers Varan : ‘’Tout tournage documentaire rencontre de l’imprévu’’.

Q – Qu’est-ce que les Ateliers Varan vous ont apporté dans votre carrière ?

Les Ateliers Varan ont entraîné mon regard de monteuse à identifier dans le rush une ligne dramaturgique; autant que réalisatrice j’ai appris  l’importance de mettre le réel en scène et de scénariser le réel. Après l’atelier Montage l’écriture documentaire en 2008, j’ai rentrée au Brésil pour monter mon première documentaire « Maria do Paraguaçu » que a reçu prix au Brésil et en Belgique.

L’intérêt sur la méthode de Jean Rouch est augmenté et aujourd’hui je suis en train de écrire une thèse de doctorat sur le cine-transe et son influence sur un projet  de formation de réalisateurs indigènes au Brésil.

Camila Dutervil nous a envoyé un mot sur son film :

« C’est le temps de la traversée: et si nous n’osons pas le faire, on restera toujours, à la rive de nous-mêmes » – Fernando Pessoa

Bonjour a tous, merci d’être venus.

Le récit de la  »La traversée » construit une métaphore de la folie atteignant le guérisseur tel un fleuve qui retrouve sa embouchure: la liberté du fleuve n’est autre que la liberté du personnage. Le documentaire a été réalisé dans la petite communauté du Remanso[1], Chapada Diamantina, Etat de Bahia ; Brésil. Ce film entreprend une enquête pour découvrir les frontières subtiles qui transitent entre la folie et la spiritualité. Le personnage a été diagnostiqué comme schizophrénique, mais lui même comprend que sa souffrance a un rapport avec une forme de possession spirituelle, quand il entend la voix de son père. En effet, dans de nombreuses parties du monde, la possession spirituelle reste assez fréquente dans le cas de symptômes schizophréniques.

Dans cette perspective, on attend que le documentaire puisse provoquer, chez le spectateur, une réflexion sur la signification de la folie et sa guérison par la diversité des pratiques ancestrales de communautés traditionnelles. Avant d’être un guérisseur, un individu doit subir certaines épreuves spirituelles, comme notamment affronter une crise et expérimenter des troubles mentaux sévères. La folie est considérée comme une pathologie par notre société ; alors que parmi les communautés autochtones c’est plutôt un phénomène normal. Beaucoup de cultures traditionnelles comprennent l’être dans des termes différents – comme indissociable du groupe des ancêtres et ouvertement affecté par d’autres êtres spirituels. La possession d`un individu par un esprit peut produire la guérison parce qu’elle est témoigne de la capacité du transiter à aller dans le monde des esprits pour identifier la cause des maux humains. La folie apparaît alors comme un signe montrant que tel individu a été choisi par les maîtres surnaturels pour accomplir une mission spirituelle. La continuité de la mission de guérisseur est le seul acte qui peut sauver de la folie.

Rapport Filmeur Filmé

La recherche pour le projet La Traversée a commencé en 2009; avec le documentaire Guérisseurs du Jare sur les guérisseurs de la région de la Chapada Diamantina, et parmi eux, on a trouvé le personnage Getulio.

Quand on fait un film de personnage, un film biographique ; le rapport filmeur- filmé devient le centre de la démarche. Dans le moment du tournage, je me suis confronté avec la difficulté de la rencontre avec l’altérité, des limites, est-ce que je doive raconter mon parcours, mes motivations au personnage ? C’était difficile demander au personnage à expérimenter encore une fois la douleur. Pour quoi est qu’on doive tourner encore une fois ?

Je crois que la donné de base d’une mise en scène du réel, c’est comment arriver a la bonne distance en respectant la volonté des personnes filmées. Au même temps pour faire le cinéma on a besoin de courage. Il faut vaincre sa peur. C’est ça que motive : les risques d ‘un rencontre que nous bouleverse e nous fait confronter nos angoisses sécrètes, notre ombre, exprimer tout ce que on croit et que ne peut pas se taire, pour exprimer notre douleur pour qu’elle devienne plus légère. Faire le cinéma est plonger dans un fleuve d’eau foncé, plonger dans une aventure thérapeutique. Large nuit à traverser, je ne veux pas fermer mes yeux, le cauchemar arrive par le fenêtre et m’amène à une dimension méconnue. Comme disait le maître du Nouveau Cinéma Latino Américano , Fernando Birri : Faire du cinéma est rêver avec des yeux ouverts.

Bonne Projection!

[1]Remanso est une petite communauté quilombola qui se trouve dans une region de rencontre des rivières. Les communautés quilombolas sont des groupes sociaux, essentiellement ruraux, formés par des descendants de noirs, anciens esclaves, qui se sont regroupés pour vivre et résister ensemble.

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