Ici on creuse, Éva Pénot, 60′, 2023, To Be Continued Production – Ciné-Club Après-Varan 2024
Dimanche 24 novembre 2024 à 20h au Cinéma Les 3 Luxembourg
Projection et débat en présence de la réalisatrice
Débat modéré par Guy Lavigerie, Philippe Ellusse et Mina Rad
Ciné -Club Après-Varan 2024 en partenariat avec le Cinéma Les 3 Luxembourg et Philippe Elusse , DHR distribution A Vif cinémas.
Nous sommes heureux de programmer ce film dans le cadre de notre Ciné-Club Après Varan sur la route de Jean Rouch en 2024 au cinéma Les 3 Luxembourg.
Ciné -Club Après-Varan 2024 en partenariat avec le Cinéma Les 3 Luxembourg et Philippe Elusse , DHR distribution A Vif cinémas.
Les derniers dimanches de mois au Cinéma Les 3 Luxembourg, la salle mythique du quartier latin et aussi le premier complexe cinématographique d’Art et Essai Parisien, nous découvrons les films de notre Ciné-Club.
67 rue Monsieur Le Prince 75006 Paris ACCÈS
Métro Odéon : 4 et 10
RER B Luxembourg
Pour Réservation :
https://www.lestroisluxembourg.com/reserver/F614368/D1730055600/VF/269615/
Tarif : Pour bénéficier du tarif groupe à 6 euros, Tarif Après Varan , vous pouvez vosu présenter à la caisse directement le dimanche 24 novembre
Lien Facebook
Un mot sur l’ importance du film dans ces périodes
Ici on creuse est un film qui montre comment dans un quartier de banlieu Parisienne, les efforts des bénévoles ont pu participé à fonder des liens et former des bons citoyens français de demain. Un exemple à suivre pour notre France multiculturel
Le teaser
Synopsis :
Faridh, habitant haut en couleur, engagé dans l’associatif, dresse le portrait du quartier du Gros Saule à Aulnay-sous-bois, en banlieue nord de Paris. Des enfants jouent au ballon sur une dalle cabossée par la chaleur du bitume, les cerisiers sont en fleurs, les grues grignotent des barres de béton de 15 étages. Entre rêve, détermination, lassitude, dans l’intimité d’une cabine noire, Rajae, John, Steven et d’autres habitants dévoilent leur quotidien.
Éva PÉNOT, auteure, vidéaste et chargée de projets culturels
Diplômée d’une maîtrise de Médiation Culturelle, d’une formation de montage vidéo à l’école des Gobelins et d’écriture de documentaire aux Ateliers Varan, Eva est une touche-à-tout. Tour à tour, monteuse vidéo, conceptrice d’exposition, réalisatrice de courtes séries documentaires dans des quartiers de banlieue, vidéaste sur la pièce de théâtre Fierté pour laquelle elle créer la scénographie en images vidéo, chargée de relations publiques pour des institutions culturelles comme le 104 et la Villette. Eva navigue de l’un à l’autre, explorant les outils adaptés aux services des histoires racontées.
Générique / Crédits
Ecriture, réalisation, image et son
Eva Pénot
Réalisation des cabines noires
Eva Pénot et Karim Yazi
Montage
Olga Pénot
Montage son
Olivier Laurent
Mixage
Laurent Chassaigne
Production
ToBeContinued production
Vincent Brançon
David Nivesse
et par Eva Pénot
Avec le soutien
-La Préfecture de Seine-Saint-Denis- ANCT (Crédits Départementaux)
-L’aide à l’écriture de la Région Ile-de-France
-Le Kygel Théâtre
-L’association Aulnay Saule
Montage / Editing
Olga Pénot
Image / Photography
Eva Pénot
Son / Sound
Eva Pénot
Un mot d’ Eva Pénot :
J’ai fait ce film pour nous permettre d’aller vers l’autre, d’écouter ceux que l’on entend pas, de toucher, de faire réfléchir, de changer les regards, d’être traversé par des émotions, de rire, d’être en colère, de s’attacher à des inconnus qui nous touchent et qui nous réveille.
J’ai fait ce film pour faire société,
J’ai fait ce film car on n’en voit pas ou trop peu dans les médias,J’ai fait ce film car c’est ma manière de lutter, de croire qu’on peut faire bouger les lignes,J’ai fait ce film et il m’a fait grandir,
J’ai fait ce film car il est aujourd’hui plus encore NECESSAIRE !
Ce qui m’intéresse est ce qu’il provoque, c’est un outil, Alors venez le voir, parlez en autour de vous…
Je suis heureuse de vous inviter à la projection en plein air du film ICI ON CREUSE,
pour l’ouverture du festival CINE-VOISINS dans le 20ème arrondissement,
Un mot de Mina Rad :
Un film à voir et revoir pour comprendre comment on peut scouter, vivre, échanger avec l’auter dans uni societé multicultural.
Un mot de Guy Lavigérie :
Comme une provocation au miracle social
« Ici on creuse » de Éva Pénot (France, 2023))
Ça commence bien, on est un peu surpris par l’abrupte lecture d’un texte sur un quai de RER mais on est dans le vif du sujet qui prend aussitôt le tour dynamique d’un défilé d’images industrielles bordant la voie entre la banlieue et Paris.
Puis on découvre en action le personnage central. Fahrid, bien plus que travailleur social, parle vite et net à ceux qui baissent les bras : « Moi je creuse et toi tu rebouches ! »
Éva Pénot a mis au point un dispositif rapproché de prises de parole brèves, face caméra, par plusieurs jeunes habitants du quartier. Le spectateur doit prendre le pouls de ces inserts pour s’y habituer. Il en découvrira rapidement la richesse parfois « tonitruante » par l’intelligence des propos: des jeunes qui disent le strict essentiel parce qu’ils savent qu’ils n’auront jamais le temps de parole médiatique qu’ils méritent. Au point que, plutôt que de parler pour ne rien dire, Kay interrompt l’entretien en disant « là je buggue ».
Quelle couleur donner à ce quartier du Gros Saule ? Une jeune femme répond : il serait rouge, solidarité et amour. Un autre, dans l’action d’une opération citoyenne de ramassage des déchets : « Si on peut pas sauver la planète on va sauver le quartier ».
C’est actif et c’est drôle tant la vitalité l’emporte. Kay, option musique : « Ex nihilo !… Ici c’est pas le Far-West non, c’est la Westcoast ». John tient un discours étonnant sur « l’argent facile », en s’étonnant de l’énergie qu’il avait mise, plus jeune, « dans le crime » où l’argent est difficile puisqu’on l’acquiert au risque de mourir. Contrairement aux idées reçues, l’argent facile est celui qu’on obtient en travaillant, dit-il. Un parfait éclairage de la lutte pour la vie. À propos de la drogue : « Tu peux déplacer une guêpe mais le nid sera toujours là ».
À côté de ça on détruit des tours. Éva Pénot les filme à les rendre belles sous la morsure des grues. Dans celles qui restent, l’ascenseur est en panne et le ménage n’est pas fait tandis qu’on paye 800 euros pour un F3 et des charges de régularisation d’eau de 500 euros. Rajae s’en étonne et paye quand même : « J’ai pas une piscine chez moi, j’ai un F3 ». Elle aimerait qu’on construise une médiathèque à la place des tours détruites.
Les propos sont immédiats et percutants. La réalisatrice filme des figures attachantes, qui ont un rapport non biaisé à la caméra ; ils font face sans la moindre provocation. Le rapport images/texte/musique se fait sur un bon rythme.
Fahrid, notre travailleur-social-plus, se réfère, côté littérature, à Salinger et Céline, « tout seul à traverser la nuit qui est le monde » ; côté cinéma à « Banlieue 13 » ou à Sergio Leone : « Si tu veux faire la révolution il faut mourir ». Et Steven interroge « le verbe, si c’est pas la meilleure force ». Même si pour Fahrid c’est « comme si tu écopais un bateau dont tu savais qu’il allait quand même couler ».
Ils ont conscience du désastre du lieu qui les enferme et n’en font pas un drame. Ils sont même d’une grande ouverture au monde. « Pour s’en sortir, faut sortir… Peut-être que ma casquette elle aurait été rose aujourd’hui, tu vois ce que je veux dire » dit Kay.
Enfin, à cinquante-six minutes, il y a un retour au calme, les quelques saules-pleureurs ont des feuilles et Kay, toujours lui, parle du miracle qu’il faudrait accomplir pour sortir de cette condition collective subie au quartier du Gros Saule : « Il faudrait qu’un musulman marche sur l’eau »…
Malgré l’ingratitude de la situation, malgré l’aridité et parfois la désolation des lieux filmés, le résultat est impressionnant. Et peut-être même, par cette difficulté surmontée, admirable.
Guy Lavigerie