Cette semaine sur TënkC’est un grand réalisateur ukrainien que nous mettons à l’honneur cette semaine :
Sergueï Loznitsa ! Dans la lignée d’un Tarkovski, ce cinéaste a l’art du cadrage et des belles images. Vrai créateur de formes, ses films documentaires se situent parfois à la lisière de l’expérimental. Mais ici ce n’est pas juste la beauté esthétique qui sollicite notre attention, c’est également toute la portée politique et sociale qu’elle supporte. Volontiers contemplateur, parfois métaphorique, Loznitsa est attentif aux gestes, aux inerties, aux visages des gens et des situations qu’il immortalise sur sa magnifique pellicule 16 mm.
Nous vous invitons à regarder
Today We Are Going to Build a House,
L’Usine et
Le Siège. Mais aussi le très étonnant
L’Attente : le temps semble s’être arrêté… Les trains roulent et s’immiscent dans le silence somnolant d’une petite gare. Les passagers dorment, impassibles, imperturbables malgré le bruit. La sublime composition des plans se révèle à nous, petit à petit, comme métaphore de la situation de la population russe. Le cinéaste, qui réalise ce film en 2000, fait part de l’état de léthargie avancée qu’il considère être celui des russes à la fin des années 90.
Un cinéma à découvrir !
À quoi ressemble le monde pour des milliers de gens qui vivent dans le silence ? Dans Le Pays des sourds, on ne regarde pas les choses de la même façon. Nicolas Philibert l’a compris et c’est avec la plus grande attention qu’il vient capter le quotidien de ceux qui y vivent. Sans la voix, c’est tout le corps qui parle et c’est peu dire qu’ici les corps sont expressifs. Il n’est alors plus question de handicap, mais d’un voyage heureux où l’on nous convie avec une véritable générosité.
On ira à Neuilly inch’Allah de Mehdi Ahoudig et Anna Salzburg : Paris, filmé en 16 mm, noir et blanc. Au petit matin. Une première grève. Des jeunes travailleurs de Vélib’, service de location de vélo parisien, tentent de s’organiser pour faire ensemble l’expérience de la lutte. « C’est l’histoire d’une double révolte : celle du son sur l’image et celle des ouvriers de Vélib’ » nous dit Anna Salzberg. La méthode est simple : on réalise le son et on pense les images ensuite. Du cinéma à l’envers, écoutez-moi ça !
Ken Loach est sur Tënk ! Retrouvez-y ce grand cinéaste qui avec Moi, Daniel Blake a remporté en 2016 la Palme d’or à Cannes pour la seconde fois. Il ne fait pas de doute que Ken Loach est, depuis ses débuts, engagé dans un cinéma militant et social, pourtant il se situe avec Les Dockers de Liverpool, là où on ne l’attend pas tout à fait. Voilà du documentaire en cinéma-direct « pur » : en septembre 1995, le cinéaste anglais s’immerge parmi 500 dockers de Liverpool, licenciés de façon abusive pour avoir refusé de franchir un piquet de grève. Tourné il y a plus de 20 ans avec l’acuité du regard politique qui caractérise Ken Loach, le film nous rappelle la pertinence de la lutte des travailleurs face à la précarité qu’installe l’économie de libre-marché. Un immanquable, pour sûr !
Ne laissez pas filer le réjouissant et musical Benda Bilili !. Vous avez encore 7 jours pour le voir !
C’est le moment de la dernière séance également pour le radioactif Demi-vie à Fukushima, l’écologique et écologiste Penser le paysage – Gilles Clément, l’engagé Les Arrivants ou encore pour les 741 minutes de la grande fresque égyptienne : Mafrouza.
Bons films !