« DES HOMMES QUI VEILLENT » de Diane Sorin – Rencontre AprèsVaran Dimanche 10 Janvier 2021
Des hommes qui veillent / The men who keep watch, 80′ de Diane Sorin, 2017, France
Production : Diane Sorin / Les Films d’ici, Richard Copans
Projection dimanche 10 janvier à 17h sur la plateforme APRES VARAN.org on line et aussi sur Facebook et Youtube
La Projection est suivie d’un débat en présence de la réalisatrice et de ses invités :Élisabeth Anstett, anthropologue et Bruno Bertherat, historien
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Diane Sorin et ses invités :
Elisabeth Anstett : Université d’Aix-Marseille / CNRS, ADES Anthropologie bio-culturelle, droit, éthique et Bruno Bertherat Maître de conférence UFR Sciences Humaines et Sociales Département Histoire, Université d’Avignon
Élisabeth Anstett est anthropologue, directrice de recherche au CNRS et membre de l’IRIS (Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux).
Les travaux d’Élisabeth Anstett portent sur le traitement social et culturel du cadavre, et plus particulièrement sur les pratiques funéraires et les processus de patrimonialisation des restes humains dans les contextes contemporains marqués par la violence extrême ou les crimes de masse.
Bruno Bertherat est maître de conférence d’histoire contemporaine à l’Université d’Avignon et membre du Centre Norbert Elias (HEMOC). Son champ de recherche : Médecine légale et attitudes devant le cadavre à l’époque contemporaine.
Sa thèse, dirigée par Alain Corbin et soutenue en 2002 à Paris I, portait sur La Morgue de Paris au XIXe siècle (1804-1907) : les origines de l’institut médico-légal ou les métamorphoses de la machine.
Il est l’auteur, entre autre, avec Christian Chevandier et une postface de Pascal Ory, de Paris dernier voyage : histoire des pompes funèbres (XIXe-XXe siècles), Paris, La Découverte
La Bande d’ annonce :
Synopsis
« Des hommes qui veillent » nous embarque dans le quotidien des hommes de terrain des Services funéraires – Ville de Paris. Au delà du travail qu’on leur connaît sur les obsèques, ces hommes sont en charge, notamment sur réquisition de police et pour « hygiène publique », de l’évacuation et du transport des cadavres. Intervenant en toutes circonstances, de jour comme de nuit, dans les replis de la ville – un coin de rue, une maison de retraite ou un appartement désolé – ces hommes portent chaque jour à bras le corps la mort la plus crue comme la plus ordinaire. D’après l’euphémisme professionnel, ce sont des « techniciens de convoi », mais eux tiennent au nom populaire de « croque-morts ». C’est au « dépôt », au sous-sol du bâtiment administratif, qu’ils se rassemblent avant et après chaque mission. Ils ont fait de cet espace fonctionnel, à la fois vestiaire et local technique, leur sas de décompression.
Réalisation, image et son : Diane Sorin
Montage : Lucrezia Lippi
Production : Diane Sorin / Les Films d’ici, Richard Copans
Festivals
-Festival TERRA NOSTRA : Saint Martin de Lansuscle, France : 13 octobre 2019
-Festival d’anthropologie visuelle, « Les sociologues font leur cinéma »: Université catholique de l’ouest, UCO, Angers: octobre 2018
-Brazilian International Labour Film Festival / Mostra CineTrabalho – Sao Paulo State University, Brésil : 07 juin 2018
-Festival DOC-CEVENNES – Lasalle, France : 11 mai 2018
-Festival ETHNOCINECA – Vienne, Autriche : 10 mai 2018
-FIFEQ – Quebec, Canada : 31 mars 2018
Bio
Diane Sorin est née en 1979 à Paris. Après des études à l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg et à la Hochshule der Kunste de Berlin, elle travaille en tant que plasticienne, peintre et dessinatrice pour le cinéma, notamment sur les films d’Olivier Assayas, ou dernièrement de Leos Carax. Elle poursuit son propre travail photographique en parallèle et se met à la prise de vue vidéo en 2012. Elle travaille aux côtés du réalisateur Vincent Jaglin et collabore en tant que vidéaste avec divers artistes performeurs.
C’est après un passage aux Ateliers Varan en 2013 qu’elle se lance dans la réalisation de son premier film « Des hommes qui veillent ».
Stage de réalisation documentaire 2014 / 7 semaines, Visages de notre dernier jour ,
Pour plus info : https://www.dianesorin.com/
Quelques mots mot sur le film et le débat aprés la projection :
Très belles images, un sujet rare, qui nous invite à réfléchir aux thèmes auxquels on n’ a rarement envie de penser…Ce film nous emporte au coeur de réflexions…Laissez vous porter par son rythme..
Mina Rad
D’un autre monde presque irréel
Avoir, un jour, entendu un enfant de huit ans dire devant sa mère affolée « moi je serai médecin des morts! ». Voir aujourd’hui le film de Diane Sorin, « Des hommes qui veillent », et faire le lien avec cette réminiscence. Voilà comment s’ouvre en moi un chemin d’émotion qui vaut reconnaissance des missions accomplies par les dénommés techniciens de transport funéraire; ceux que la réalisatrice est allée rencontrer et qui l’ont acceptée avec sa caméra. Soit un an de tournage documentaire.
On se rend compte très vite que ces hommes de veille travaillent dans de mauvaises conditions, confinés dans un entresol derrière un rideau de fer, niveau parking, et confrontés à des corps en décomposition qu’ils doivent extirper d’appartements parfois encombrés d’ordures. Mal payés qui plus est, subissant une baisse progressive des salaires qui serait la condition pour que leur employeur emporte le marché des services funéraires face à la concurrence. On connaît la chanson. Ils ont conscience de faire « un travail qui isole » comme le dit l’un d’entre eux.
Mais disons-le tout net, c’est un noble travail que nous montre Diane Sorin. Un travail noble et obscur à la fois; il retient toute l’attention du spectateur qui, de toute façon, n’a jamais rien vu de tel. Tout semble faire huis-clos, depuis les locaux d’entreprise dans les soubassements d’un immeuble jusqu’aux appartements aux atmosphères nocturnes dont on sort les cadavres. La manière de filmer repose sur le cadre de chaque situation, cadre dont les dimensions se rapportent à une stricte nécessité. L’écueil du voyeurisme que craignaient ces travailleurs a été évité. On ne voit aucun cadavre mais tout se joue à leur contact. L’épreuve est pour les travailleurs qui apportent leur soin au maniement respectueux des corps. Ils ne luttent pas contre la mort mais contre la pourriture. C’est dur pour eux. Ils sont confrontés à la gale, aux odeurs, au poids des corps, à leur liquidité, à leur fragilité. Après cela, quoi de plus étrange que de les voir emporter un cadavre dans la nuit en souhaitant une bonne soirée aux voisins qui les remercient?
Car ils se donnent en toute simplicité les moyens d’accomplir leur mission, puisqu’ils sont livrés à eux-mêmes face aux situations les plus difficiles. De retour dans les locaux des services funéraires, ils lavent leurs chaussures à même les lavabos des sanitaires. Ils passent les nuits d’astreinte dans une pièce sans fenêtre, allant jusqu’à gonfler leur matelas pneumatique pour dormir. Il faut le voir pour y croire. Et c’est ce que permet le film de Diane Sorin.
L’un des protagonistes, Jean-Christophe Uzenat l’exprime dans le débat, de grande qualité, qui suit la diffusion du film de cette rencontre Après Varan: « La société est dans le déni, c’est pourquoi on est invisible. » Bruno Bertherat, historien, précise que ces travailleurs permettent « le passage du biologique au social » et qu’ils marquent « la première étape de la réintégration sociale et mémorielle des corps. » A ce débat ont participé également, outre Mina Rad, Diane Sorin elle-même et l’anthropologue Elisabeth Anstett, ainsi qu’Emmanuelle Bidou pour les Ateliers Varan.
A voir et à revoir.
13/01/2021